Huntrill, rapper des faits.

Aujourd’hui parlons d’un rappeur qui est en train de nous faire comprendre que les standards de l’industrie sont trop bas. Dans une ère où la définition de rappeur est en train de s’édulcorer, Huntrill revient mettre les pendules à l’heure. Il ramène avec lui une manière de rapper et d’écrire qui s’était perdu ces dernières années. Son écriture séduit les auditeurs, c’est en se baladant sur twitter que bon nombre d’entre nous se sont retrouvés à être happés par chacune des tournures de phrases, plus déroutantes les unes des autres. Et j’avoue que son style est surprenant.

Il a tout arracher en 2024. Avec la sortie de Replica 2 en mai 2024, produit par Hologram Lo’, et celle de Nouvelle Trap 2 en novembre dernier, il signe une année remarquable et remarquée par le public francophone. Que ce soit sur boom bap ou trap, Huntrill découpe en laissant une rime en tête sur au moins chaque mesure. Il a maintenant l’attention d’un public underground prêt et à l’affut de chaque nouvelles sorties. Son freestyle On The Radar confirme son statut de punchliner. Rimes aiguisés et flow tranchant, j’ai plus beaucoup de doutes sur le fait que c’est l’un des meilleurs rappeurs français actuellement. Et c’est pas la place qui manque pour ce type de rappeurs en France. Enfin le retour des punchlines dans le rap fr. O.A.T.S!

Version live de "4X4 NOIR", sortie le 7 mai 2025

Cette nouvelle notoriété a eu aussi l’avantage de mettre toute sa discographie antérieure en avant. Et on se rend compte qu’il est chaud depuis des années. J’vous laisse le soin d’aller écouter BigSTRaat qui date de 2022. J’viens de le découvrir et je regrette de ne pas être tombé dessus plus tôt.

Même si, j’étais tombé sur Replica en 2022. Trop chaud, j’avais bien saigné l’EP sans pour autant avoir eu la curiosité d’aller explorer sa discographie. Son profil m’avait intrigué, surtout à ce moment où on avait perdu l’habitude d’entendre un gars découper à ce point la prod. Mais c’est réellement cette année que je réalise le talent du bonhomme. Il avait déjà cette plume et cette énergie mais là j’ai l’impression qu’elles se sont décuplées. Tout à l’air si simple au micro, phase arrogante après phase insolente, placements incisifs, jamais redondant et une production toujours bien senties. J’ai écouté par curiosité sa première sortie en 2019 Nouvelle Trap et c’était déjà très chaud pour un premier jet. Avec déjà, une identité sonore et textuelle bien à lui. Sur des ambiances différentes certes, mais les prémices de son style étaient bel et bien là.

« J’écris pratiquement tout le temps, sans prod, sans rien du tout…

J’fais juste ce que je suis, c’qui me plait.»

C’est vrai qu’après l’avoir entendu dire ça, ses textes font très « barre sur barre » à l’image d’un Freeze Corleone ou d’un Kaaris époque Or Noir Part.2 .

Mais là où c’est très fort, c’est qu’aucun rappeur en France avait ramené ce flex à ce niveau là. La luxure est obsessionnel chez lui. On n’y échappe pas. Technique celle là.

C’est du « rap de hustler européen ». Et je suis plutôt d’accord avec Mouloud Achour. La richesse vengeresse d’un ancien pauvre. Le phrasé arrogant d’un nouveau riche. Ses activités frôle sûrement les limites du légal mais tant que la barz est bonne ça ne me regarde pas. Il vit pas du rap, et ça c’est bon pour nous.

Parce qu'en vrai : quoi de plus dangereux qu’un rappeur qui ne le fait pas pour l’argent ?

Là où on a vu beaucoup de carrières démarrés avec des artistes qu’on voyait comme potentiel sauveur pour au final devenir ce que l’industrie voulait qu’il soit. Rares sont ceux qui décident de pousser la barre encore plus haute. Quelques élus le font par amour du mouvement. Huntrill en fait partie (ou pas).

J’entends un bout de la réponse dans le tag Don Dada.

J'vous laisse avec sa définition de la punchline. Aujourd'hui, on comprends pourquoi.